REVIEW

Assassin's Creed III (Join or Die)

XBOX 360

RÉDACTION : HYDCLOUD · 29 JANVIER 2014

INFOS

DÉVELOPPEUR

Ubisoft Montréal

ÉDITEUR

Ubisoft Entertainment S.A.

GENRE

Action/Aventure/Infiltration

NOMBRE DE JOUEURS

8 (en ligne)

SORTIE FRANÇAISE

31 octobre 2012

« Bon les gars, on arrête nos conneries maintenant ! Il est grand temps de passer à autre chose… Cinq ans qu'on est sur la même licence et on avait dit que ça serait le dernier ! Alors j'avais pensé à un nouveau concept, genre un univers high tech où le mec pirate des réseaux informatiques et… Quoi encore !? Hein ? Comment ça on a déjà fait sept millions de ventes sur Assassin's Creed III ? Merde, j'avais pas prévu ça mais… Comment ça nos équipes sont déjà sur le IV !? On pourrait me prévenir quand même ! »

Cinq ans, ça fait déjà cinq longues années qu'Ubisoft Montréal nous régale de son annuelle série que l'on se prépare à voir débarquer chaque fin d'année pour la période des fêtes, et ce, malgré les sempiternelles promesses de break…

« Il n'y aura pas d'Assassin's Creed cette année » qu'ils disaient », « Desmond au repos » qu'ils disaient ! Mais on ne nous la fait plus ! À l'instar d'une autre licence de « fps couloir » made in Activision qui fait un carton tous les ans, Ubisoft a même décidé de diviser ses équipes (productivité doublée pour rendement maximum, on connait…) : une qui assure le développement des épisodes principaux et, n'ayons point peur de le dire, qui propose de réelles innovations, quitte à ce que le jeu nous arrive en deux ou trois ans et l'autre qui reprend les grands fondements des opus précédents pour en sortir des « extensions », assurant une sortie annuelle, tout comme l'étaient Brotherhood et Revelation.

Et justement, force est de constater qu’avec Revelations, Ubisoft commençait sérieusement à montrer les limites de sa licence « bankable » et le public ne s’y est pas trompé dans la mesure où le dernier opus en date était loin d’avoir fait l’unanimité auprès des spécialistes et des fans ! Il était grand temps que ce troisième opus vienne redorer le blason.

Assassin’s Creed III constitue non seulement l’opus le plus attendu de la saga (son record de précommandes le confirme), mais il permettra également à Ubisoft de faire un bon en avant dans l’arbre chronologique de l’Animus (actuellement l’épisode le plus avancé historiquement parlant) tout en proposant de réelles nouveautés et surtout un nouveau prétendant au titre de tueur en robe de chambre, Ezio ayant largement fait son temps. Seulement voilà, il faut croire que les gamers du premier jour n'apprécient pas tellement qu'on leur change leurs petites habitudes et les impressions après analyses approfondies seront… Mitigées…

Le client étant roi par-dessus tout, Ubisoft Montréal a bien entendu l’appel de ses fans qui avaient suggéré une intrigue se déroulant en pleine période Napoléonienne… Nous n’en sommes pas tellement loin puisque nous voilà projeté aux prémices d’une guerre historique : celle de l’indépendance des États-Unis sur la seconde période du XVIIIème siècle !

Dans la famille des aïeuls-vengeurs-de-l’ombre, j’appelle cette fois-ci le jeune Connor Kenway, membre de la tribu indienne Mohawk, qui, à l’instar d’Ezio, va être contraint d’endosser le costume d’assassin pour faire justice et laver l’honneur des siens !
Le pauvre n'est malheureusement pas né à la bonne époque : les colons anglais envahissent ses terres, le peuple en a marre, les gros bonnets règnent et imposent leur loi, la révolte est proche… Sans être mauvaise langue, j'ai un peu l'impression d'y être quand je regarde le JT de 20 heures… Bref !

Sans en dévoiler d’avantages, on sent clairement le farouche travail des équipes québécoises concernant la trame principale de cet épisode. La générosité et la mise en scène des cut-scenes, certes bavardes comme pour toutes les productions actuelles, n’y étant pas anodines…

Le style graphique de ces écrans de sélection pourrait même donner un petit côté arcade à ce nouvel épisode : le joufflu Mario, l’intermédiaire aux caractéristiques équilibrées, le chétif Luigi, qui dispose d’une capacité de saut supérieure mais difficile à contrôler, la charmante Peach, qui flotte temporairement dans les airs et enfin le fougueux Toad, le plus rapide mais limité dans ses hauteurs...

Ubisoft Montréal, non content de nous transporter dans un univers complètement différent des opus précédents, à savoir celui du Nouveau Monde jadis découvert par Christophe Colomb, s'attaque également à un chapitre historique sujet à de nombreux conflits politiques et digne d'intérêt « culturellement » parlant. Une narration travaillée pour un personnage qui l'est tout autant d'ailleurs puisque nous incarnons un Connor égaré, complètement dépassé par les évènements et assoiffé de vengeance. Même s’il ne constitue pas le personnage vidéoludique le plus original de l’année, il est intéressant de constater son évolution au fil de l’aventure… Nous avons là un personnage torturé et tourmenté par son passé, qui n’a d’autre choix que d’affronter la réalité et ainsi grandir, surmonter les épreuves et ainsi s’assagir pour gagner en assurance… Un bon vieux héros atypique en sommes !

Il ne sera d’ailleurs pas le seul à progresser puisque le principal héros de la saga, Desmond, verra ses compétences d’assassin atteindre leur paroxysme, lesquelles n’auront d’ailleurs rien à envier à celles de ses ancêtres. Si le bonhomme aura droit à ses habituelles petites péripéties dans notre époque actuelle (elles mêmes plus abouties qu’auparavant), le jeu ne sera pas non plus avare en révélations dans le but de faire avancer la mythologie (allez, on y est presque) !

Trois années de développement n'auront pas été vaines et force est de constater que les équipes d'Ubisoft Montréal ont fait un travail remarquable, en particulier sur les environnements. Le Nouveau Monde que visitera notre jeune mojave sera représenté par trois grandes zones, à l'instar des précédents opus : Boston, New York et Frontière.

Si les deux premières figurent parmi le panel « obligatoire » des cadres urbains, si chères à la série, quoi que bien moins représentatifs des talents de level designers du studio par rapport aux précédents volets (géométrie, architectures moins complexes, environnements moins importants…), Frontière marque en revanche la grosse surprise du titre (et quelque part l'aspect « promotionnel » du bouzin). Étalée sur une surface gigantesque, Frontière vous propose en effet de courir à travers forêts, cascades, marécages et autres falaises ! Vous l'aurez compris, Ubisoft nous propose pour la première fois une zone 100 % naturelle dans cet opus, milieu parfaitement adapté à notre jeune assassin qui, tel un Robin des Bois, ne se privera pas de nous démontrer ses talents d'acrobates.

En effet, même si les fondements du gameplay de base restent similaires aux précédents opus, force est de constater que Connor nous semble pour le coup plus vif, plus rapide que ses aïeuls, autant en ville que face aux éléments naturels : se cacher furtivement dans les buissons, glisser sous les obstacles, faire l'équilibriste sur les troncs d'arbre, jouer les trapézistes de branches en branches, escalader avec aisance des parois rocheuses ne sont que quelques exemples des nouvelles possibilités de gameplay que proposent cet Assassin's Creed III dans cette faune qui évoquent une liberté d'action et un libre arbitre sans précédent !

C'est bien joli tout ça, mais face à tant de possibilités, la maniabilité reste-t-elle accessible pour autant ? Oui ! Milles fois oui ! Ubisoft ne s'est pas contenté de varier les plaisirs mais a également pris soin d'alléger le gameplay… Une simple pression sur la gâchette droite du pad enclenchera un « free run », comprenez le fait de foncer à travers des obstacles (naturels ou pas) dans le but de les contourner ou de les exploiter automatiquement et ce, avec aisance et fluidité. Ainsi, une simple pression du bouton « saut » déterminera un itinéraire différent pour notre héros d'où la nécessité de rester vigilant, attentif et surtout observateur !

Génération actuelle oblige, ce genre de gameplay très assisté conviendra autant aux aficionados qu'aux novices, l'objectif étant bien évidemment d'en mettre plein la vue tout en offrant une certaine convivialité.

Par ailleurs, si Connor sait affronter les éléments naturels avec une dextérité de grande classe, ses rixes avec les différents assaillants du jeu ne sont pas non plus en reste puisqu'il lui faudra, comme d'habitude dans un Assassin's Creed, se confondre dans le décor, se dissimuler, semer l'ennemi, les affronter…

Loin d’être aussi réactifs qu’un Batman dans les récents épisodes de la série Arkham, les protagonistes d’Assassin’s Creed ont su instaurer leurs codes dans l’art du camouflage et des mécanismes de combats face à plusieurs ennemis. Cela dit, il aura quand même fallu cinq ans de prise de conscience pour qu’Ubisoft Montréal se rende compte de ses erreurs passées pour… Corriger à moitié le tir.
Gros point noir de la série, l'IA des ennemis est connue et reconnue pour ne pas être exempt de tous reproches ! Il n'est en effet pas rare d'être poursuivi par divers assaillants qui stoppent subitement leur traque alors que vous êtes encore dans leur collimateur… Ou planqué juste à côté d'eux !

En revanche, Dieu merci concernant les affrontements ! Ubisoft a entendu notre appel… Outre le fait d’avoir une fois de plus simplifié le gameplay (on utilisera cette fois-ci les boutons principaux du pad pour attaquer/contrer/briser la garde au lieu de switcher avec la gâchette de droite pour varier les postures) tout en gardant le côté spectaculaire (un mini bullet time se déclenche une fois la garde de l’adversaire brisée et laisse choix à trois actions différentes), c’est surtout le côté « intelligent » de vos adversaires qui est ici mis en avant.

Ceux-ci n’hésiteront en effet plus à vous attaquer en nombre voire même à vous prendre en traître alors que vous êtes déjà « occupé » avec un autre adversaire… D’autant plus que, l’époque jouant en la défaveur de Connor, celui-ci devra désormais affronter des armes à feu qui font extrêmement mal ! Heureusement, les mousquets d’antan nécessitent un certain de temps de recharge ce qui peut jouer en votre faveur pour une éventuelle riposte. Tout n'est pas perdu pour autant puisque notre assassin sera non seulement aidé par un tout nouveau système d'icônes de couleurs, qui indiquera les intentions de vos opposants (rouge pour les attaques au corps et jaune quand l'ennemi a l'intention de faire parler la poudre) mais également par… Quelques nouveautés sympathiques concernant son arsenal !

Connor dispose non seulement de quoi faire feu sur l'ennemi certes (ce qui fut déjà le cas d'Ezio !), mais en plus il dispose de deux ou trois autres atouts sous sa capuche et en accord avec ses origines comme par exemple le célèbre tomahawk, soit la mini machette, mais également une dague à corde rappelant aisément le légendaire dard d'un certain Scorpion de Mortal Kombat… La palme d'or revient bien entendu à l'utilisation de l'arc qui associe discrétion et efficacité (à l'instar du récent Tomb Raider !).

En parlant de flèches, les développeurs ont également eu la bonne idée de mettre en valeur certaines compétences de Connor. Formé à la chasse dés son plus jeune âge de par ses racines, quoi de plus naturel que de se prêter au jeu pour traquer toutes sortes de gibiers en faisant appel à son arc ? D'autant plus qu'une zone comme Frontière, non contente d'avoir reçu un traitement de faveur en ce qui concerne la beauté de ses environnements, renferme également des richesses que seul son écosystème peut offrir. C’est ainsi qu’Assassin’s Creed III proposera, à l’égal de ses ainés, son petit côté gestion avec la chasse et la revente de gibier, l’achat de nouvelles armes, l’acquisition d’un domaine (à l’instar d’Ezio avec Monteriggioni) appelé Davenport qu’il vous faudra également peupler et gérer le mieux possible…

Le script, c’est fait, le gameplay, c’est fait mais ne nous arrêtons pas à ces quelques bribes ! Par delà son côté politico-historico-éducatif, la série des Assassin’s Creed c’est également une vilaine gifle technologique, et si le second épisode, sorti en 2009 avait su marquer les esprits avec son moteur physique « Anvil », Ubisoft ne s’est pas gêné pour promotionner son évolution : Anvil Next !

Autant l’avouer, les développeurs ont su exploiter dés le départ l’architecture des machines sur lesquelles ils proposaient leurs précédentes opus, il leur était donc difficile de faire beaucoup mieux en termes de visuel…

Par ailleurs, si Assassin's Creed III ne bouleversera son monde sur ce plan, il proposera tout de même quelques améliorations notoires telles que la distance d'affichage améliorée, la générosité des effets de lumière, la finesse des textures et le nombre d'éléments affichés à l'écran (notamment sur la végétation que propose une zone comme Frontière). En revanche, carton rouge pour les sempiternels bugs de collision qui, même s’ils sont minimes, n’ont toujours pas été corrigés après tant d’années de routine et marquant très certainement les limites d’un moteur surexploité ! Il n’est en effet pas rare de voir deux PNJ se rentrer l’un dans l’autre tel des passe-murailles ambulants… C’est très énervant et inexcusable, surtout cinq ans après la sortie du premier opus !

Bref, pas de quoi fouetter un canard depuis le dernier opus Revelations. En revanche, nous ne pouvons passer à côté de la gestion météo ! Si celle-ci rend le soft particulièrement attrayant en terme de visuel avec la violence de ses orages et surtout la tombée de la neige, marque de fabrique du dernier bébé d’Ubisoft, elle devra également être prise en considération en ce qui concerne le gameplay !

Connor aura en effet moins d'aisance à se déplacer en marchant sur la poudreuse et mieux vaut alors opter pour des déplacements aériens, d'arbres en arbres…

Terminons enfin sur un des principaux points forts du jeu : les quêtes annexes. Assassin’s Creed étant une série réputée pour sa durée de vie généreuse, nul doute que celui-ci ne déroge à la règle et si l’aventure principale vous demandera une bonne quinzaine d’heures d’effort compte tenu de  l’immensité et de la variété des trois zones qui vous aurez à parcourir, les quêtes secondaires doubleront très facilement la durée de vie du soft.

On ne change pas une formule qui gagne, nous retrouvons la majorité des quêtes qui ont fait leurs armes sur les précédents opus : messager, contrats, libération et… Navale !

Oui ! Hormis les grands classiques, Assassin's Creed III vous proposera d'échanger votre peignoir pour une tunique de fier capitaine corsaire ! Vous serez alors à la barre d'un navire armé jusqu'aux dents et prendrez part à de nombreuses batailles navales sans merci. À noter que ce gros bonus constituera l'essence même du prochain opus…
Il faut l'avouer, nous étions septiques face à l'annonce de cet « add-on » et nos craintes se sont vite estompées une fois le pad en main. On aurait en effet pu croire que le gameplay de ces phases en bateau serait mal géré par Ubisoft, qui n'est pas forcément spécialiste en la matière, mais il n'en n'est rien puisque les développeurs ont adopté une maniabilité très « arcade » : stick gauche pour le bâbord/tribord, stick droit pour la visée et enfin deux boutons pour accélérer et freiner ! On se croirait dans un Mario Kart et cette simplicité est assez jouissive !

Bien entendu, Assassin’s Creed III vit avec son temps et ne pourrait faire l’impasse sur le désormais mode multijoueur, développé en parallèle par Ubisoft Annecy et instauré depuis Brotherhood en 2010.

Le principe est ici très simple et signe également une volonté d’innover de la part d’Ubisoft… Dans la peau d’un combattant de votre choix et projeté en plein bataille, au cœur du Nouveau Monde, vous aurez à affronter une multitude de gamers sur la toile. Basé sur les mêmes mécaniques que ses ancêtres, le mode multijoueur d’Assassin’s Creed III vous permettra soit de vous entretuer (à 4 contre 4), soit de vous allier pour faire mettre l’IA à terre, le tout à grand renfort de discrétion et de collaboration !

Comme d’habitude acheté sur X-Box 360 comme je l’ai toujours fait depuis le premier épisode, j’ai attendu un an, soit la sortie du dernier opus en date pour investir dans l’édition Collector intermédiaire « Join or Die » ! Et j’ai eu raison… Payé une petite vingtaine d’euros, le jeu n’est certes pas sous blister mais n’en reste pas moins en excellent état et complet (médaillon et artbook inclus !).

Mais alors que diable ! Face à tant de nouveautés et d’efforts, il est difficile pour moi de concevoir certains avis de gamers que j’ai pu lire sur divers forums ! Plus novateur sur la forme que sur le fond certes, cet épisode ne manquait néanmoins pas de matière et proposait suffisamment de nouveautés pour convaincre les plus exigeants.
Il faut croire qu'Assassin's Creed III est victime de lui-même… Ubisoft paye aujourd'hui la redondance de sa série malgré toute la bonne volonté qui peut y être apportée. Ce second souffle et ses prises de risques n'effaceront néanmoins pas ses deux ou trois sempiternels accrocs techniques inexcusables qui suffiront d'argument « trollesques » aux mauvaises langues pour descendre cet opus !

N'en déplaise aux détracteurs ! Certainement considérée comme une « licence facile », redonnant le sourire aux caisses d'Ubisoft pendant la période des fêtes de fin d'année, la saga des Assassin's Creed n'est pourtant pas prête de s'arrêter malgré la mise en chantier d'un certain Watch Dogs… D'ailleurs profitez-en, cette nouvelle licence risque fort de faire de l'ombre à son prédécesseur…

AndJoy or Die !