Nous sommes en février 1994, soit le mois fatidique de mon anniversaire. Je décide, après une dure journée d'école, de faire un crochet chez mon libraire pour aller chercher mon habituel Consoles + mensuel (numéro 29 pour être précis). Je tombe alors sur cette couverture magique, cette couverture qui me faisait frissonner d'excitation, cette couverture qui sera désormais empruntée dans mon esprit de dingue et de fan incontesté de cette licence au combien rentable pour son auteur, Akira Toriyama ! Cette couverture représentait un fier Gohan en Super Saiyan 2… La naissance d'une légende était en marche…
Dragon Ball Z : Super Butouden 2 (La Légende Saien dans nos contrées), est arrivé pile poil au pays du soleil levant pour les fêtes de Noël et je dois l'avouer, je ne l'attendais absolument pas ! Je continuais en effet d'épuiser le premier opus en import (payé en rein chez mon revendeur) tout en étant scotché devant ma TV le mercredi matin. Timing des plus précis pour AB Productions qui diffusait à ce moment précis l'épisode le plus convoité des fans de la saga : le réveil de Gohan en Super Saiyan 2 !
Les audiences du Club Do' sont en ébullition, Dragon Ball Z réunit de plus en plus d'adeptes prépubères devant leur écran, la folie Dragon Ball balayait tout sur son passage ! C'est aussi la période où les deux géants actuels du jeu vidéo sortaient leurs monstres de leurs tiroirs. Si Sega nous annonçait Sonic the Hedgehog 3 et Virtua Racing pour sa Megadrive, Nintendo n'était pas en reste avec Megaman X, Super Mario Collection (All-Stars), TMNT Tournament Fighters sur Super NES… Autant de mastodontes qui font que cette période me donnait le tournis face à la qualité des titres des deux partis, faisant de ce début d'année 1994 une emprunte qui me marquera à jamais dans mon esprit de gamer et de récent fan de japanimation !
Alors que Capcom et Midway continuaient à se disputer les parts de marché des jeux de baston avec respectivement Street Fighter II Turbo et Mortal Kombat, un troisième challenger pour le moins inattendu allait faire son entrée fracassante : Dragon Ball Z : Super Butouden 2 !
Quelle surprise, alors que le précédent avait été critiqué pour son absence d'initiative, pour sa lourdeur et son manque de technique, le rangeant directement au rang des "jeux-à-licence-qui-font-vendre-mais-sans-intérêt", Dragon Ball Z 2 (c'est son nom dans les magazines) allait mettre un grand coup de pied dans la fourmilière et ses qualités intrinsèques le hisseront directement au sommet du panier, au côté de sa majesté Street Fighter II Turbo, que l'on soit fan ou pas de l'univers de Toriyama !
Chapeau bas l’artiste ! TOSE Software a relevé ses manches, le travail apporté est remarquable ! Absolument TOUT a été revu et corrigé : les sprites plus fins et mieux pensés, une animation d’avantage fluide et nerveuse, des personnages calibrés et différents, bénéficiant de plus de coups, décors plus fouillés, plus variés (des affrontements aquatiques, une première !) et haut en couleur, une bande son anthologique rahhhhh les superlatifs me manquent !
Le jeu retrace les exploits de nos Saiyan préférés, là ou le premier opus s’était arrêté : lors du Cell Game. Réunissant dix characters aussi différents les uns que les autres (denrée rare de nos jours), ici pas de chichi (désolé…), TOSE propose tout simplement les personnages dans leur forme la plus puissante : Gohan Super Saiyan 2, Piccolo Super Namek, Vegeta Super Saiyan Dai ni Dankai, Future Trunks Super Saiyan, Perfect Cell, Mini Cell et, inédits, Bojak et son acolyte Zangya ! Tiens ? Il ne manquerait pas quelqu’un ? Goku en effet et c’est une première ! Le pauvre s’étant fait sauter avec Cell pour sauver l’humanité, il n’est normalement plus de la partie mais bien déblocable avec un code… Ouf ! Tout comme l’est son partenaire de crèche, le Saiyan millénaire Broly (là ça commence à devenir inéquitable).
L’introduction donne le ton : la voix d’un fier Goku qui incite son fils à rejoindre les rangs suivi d’une superbe séquence en vue subjective où Gohan vole à travers les nuages. Le menu principal nous laisse alors le choix entre le désormais classique mode Story, les affrontements classiques et enfin le fameux "Tenkaichi Budokai".
Le mode Story, calqué sur l’opus précédent mais plus travaillé sur le fond (et une fois de plus gratiné d’une piteuse traduction made in Bandai France pour la version PAL), nous propose d’enchainer les affrontements en adéquation avec l’œuvre papier, affrontements qui seront introduits par de petites cinématiques mettant en scène nos protagonistes faisant la causette. Le soft de TOSE ira plus loin puisqu’il proposera même de revivre les OAV (notamment celui de Bojak et de… Broly !), le tout saupoudré d’un léger soupçon d’aventure ! En effet, selon le personnage que vous choisissez, vous pourrez l’emmener "enquêter" dans tel ou tel endroit et ainsi vous confronter à un assaillant laissant, la plupart du temps, place à des trames scénaristiques inédites.
Le mode "Tenkaichi Budokai" proposera, à l’instar du célèbre tournoi, d’affronter tour par tour les différents characters du jeu, le but étant de gravir les échelons pour atteindre le sommet du tableau des participants et ainsi faire face au finaliste… Classique mais efficace.
Je ne vous ai pas parlé du gameplay ? C’est simple, il sera repris comme base pour les prochains opus 32bits tant il fait preuve d’efficacité…
TOSE renoue avec le principe du split screen lors de l'éloignement des deux protagonistes, permettant ainsi des affrontements à grand renfort de boules d'énergie et de vagues déferlantes… Ces vagues déferlantes, considérées comme les attaques spéciales et au nombre de deux par combattant, à l'instar de Super Butouden, sont balancées selon la disponibilité de ki qui, pour le coup, est rechargeable à volonté. Il vous faudra donc surveiller non seulement votre jauge de santé mais également votre énergie si vous ne voulez pas vous retrouver impuissant après avoir balancé une grosse attaque !
Au corps à corps, ces fameuses vagues déferlantes (Kaméhaméha, Final Flash, Big Bang Attack…) sont considérées comme de "simples" grosses boules d'énergie envoyées sur l'adversaire mais à distance, une séquence se déclenche et votre combattant libère toute sa rage sous la forme d'un impressionnant rayon énergétique autrement plus convainquant que le premier Super Butouden !
Il est alors possible soit de renvoyer l'attaque sur l'adversaire (ce qui était déjà possible sur le premier opus), soit de la contrer en rebalançant à votre tour la même attaque ! La confrontation des deux rayons ne vous laissera alors d'autre choix que de bourriner sur la touche de votre pad pour retourner la situation en votre faveur.
Dans son panel de coups, Super Butouden 2 emprunte pas mal d’idées à Street Fighter II (il faut quand même l’avouer hein…) avec la même gamme de manipulations (quart et demi cercle etc…) et reste une excellente alternative aux gamers qui ont retourné le titre de Capcom dans tous les sens ! En effet, en plus de proposer des attaques spectaculaires et destructrices à distance, il sera en effet possible de déclencher les désormais célèbres "Meteor Smash", enchainements mortels propres à chaque combattants et déclenchables via une manipulation un peu plus complexe et ce au corps à corps.
Vous l’aurez compris, il n’est pas très étonnant que ce jeu face partie des must-have de la 16bits de Nintendo ! Super Butouden 2 aka "La Légende Saien" s’est en effet arraché par chez nous lors de sa disponibilité en France, six mois après sa sortie au Japon. Il n’est donc pas si "rare" que ça mais sa côte ne cesse d’augmenter sur les forums et autres sites de vente. Par ailleurs, tout comme les autres opus distribués par Bandai en Europe, il s’agit ici d’une exclusivité Francaise/Espagnole… Récupéré, tenez vous bien, pour 40 € il y a six ans dans un état pratiquement MINT et ce en boutique Parisienne, j’ai récemment complété le jeu en achetant son guide.
Oui ! Le jeu n’est malheureusement pas complet sans cet ouvrage, distribué en partenariat avec le canard Super Power. Sous la forme d’un petit carnet aux pages intérieures monochromes, l’objet est en résumé un bref récapitulatif des coups et des caractéristiques de chaque personnage du soft de TOSE. Pas forcément nécessaire certes mais tout à fait le genre d’item qui peut doubler le prix d’un jeu déjà devenu "expensive" de nos jours… N’est-il pas ?
En ce qui concerne la version import, Super Butouden 2 est très certainement plus trouvable que son homologue PAL, même s'il n'a pas su me faire oublier la facture lors de son achat à l'époque (800 balles). Ce qui est en fait l'une des cartouches Super Famicom les plus chères et les plus rentables jamais proposées par les revendeurs import. Croyez-moi, j'ai du bosser comme un âne et faire mes preuves scolaires pour y avoir droit à l'époque (et Dieu sait qu'il me le fallait). Mais que voulez-vous… Quand un jeu s'appelle DBZ, qu'il sort en plein phénomène de mode et qu'il est, par-dessus le marché, excellent, les scrupules n'existent plus chez certains pratiquants… Et nous, pauvres petits écoliers aveugles, on avait le choix entre la passion et la raison. Triste France…
AndJoy !